L'oeuvre autobiographique

« L'histoire de ma production littéraire est celle de mes matériaux, et les matériaux ne sont rien d'autre que des impressions qui ont achevé leur métamorphose ». Ces mots issus d'un texte bref de 1964 intitulé Document tentent de formuler une interrogation qui restera présente jusqu'à la fin de la vie de l'écrivain : quels sont les rapports entre les matériaux et les motifs littéraires et la vie du créateur, comment travaille l'imagination ? Dans Document, Dürrenmatt décrit son enfance à Konolfingen en Emmental et montre que certains motifs, comme celui de la grotte et du labyrinthe y ont là leur racine. De même, la pratique de l'astronomie, l'intérêt pour la mythologie grecque et les sujets bibliques sont présents dès la prime enfance.

Dürrenmatt a raconté sa vie, notamment l'enfance en Emmental, la jeunesse et les études à Berne, dans les deux volumes de la Mise en œuvres : La Mise en œuvres (éd. originale : 1981, trad. française : 1985) et L'Edification  (éd. originale : 1990, trad. française : 1999). Simultanément, il relie ces éléments biographiques à d'anciens matériaux non encore utilisés à l'époque et qu'il traite ultérieurement sous forme d'ébauche (p.ex. Le Rebelle, ou sous forme de grand récit (La Guerre dans l'hiver tibétain). Derrière les textes publiés dans les deux volumes de La Mise en œuvres, il y a un fonds souterrain de plus de 20 000 pages manuscrites où Dürrenmatt tente d'approcher sa vérité autobiographique.

De nombreux essais des années 1970 et 1980 doivent être considérés dans le contexte du projet de la Mise en œuvres ; ils contiennent des passages autobiographiques comme notamment la postface au  Collaborateur (1976) et Sur Israël (1975).

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